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Les mobilités sud-sud dans le bassin du fleuve Sénégal

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Fall, Meissa Birima

Fall, Papa Demba

Manga, Alla

Sagna, Nicolas Serge

Thiam, Mame Demba

Livrel (PDF, HTML, Tatouage) 121p.
(Recherches africaines)
ISBN: 978-2-37918-491-8
De Saint-Louis du Sénégal à la ville de Kayes au Mali, en passant par Kaédi et Sélibabi en Mauritanie, le fleuve Sénégal fait le lien entre des groupes humains et des terroirs d’une grande proximité. Celle-ci tient à la centralité historique de la région à l’époque des échanges entre le monde arabe et l’Afrique noire ou Soudan et, plus récemment, de la colonisation européenne. La particularité géographique du bassin du fleuve Sénégal est d’être aujourd’hui formé des marges périphériques des trois entités étatiques drainées par un cours d’eau qui fonctionne comme un véritable Nil. Longtemps abandonnées à elles-mêmes, les populations locales ont vite pris conscience de la nécessité de se prendre en charge à partir de stratégies adaptées à leur environnement. Il en a résulté des pratiques propres à ce qu’il est convenu les « gens du fleuve » au sens d’individus qui partagent un espace mentalement fondé sur une solidarité tournée vers le vivre-ensemble. Ceci donne lieu à des formes originales de connexions territoriales dites « par le bas » au regard de leur caractère informel ou spontané. Déclinée sous différentes formes, la mobilité est une des caractéristiques fondamentales des groupes humains qui peuplent les deux rives du fleuve Sénégal. Amplifiée par la dégradation des conditions environnementales notamment avec la « grande sécheresse » qui a frappé le Sahel durant les années 1970-1980, la migration constitue un phénomène structurel pour les sociétés bambara, haalpulaar, maure, soninké, wolof, etc. Elle est l’expression d’une identité culturelle qui remonte à la nuit des temps tout en s’adaptant aux dynamiques sociétales contemporaines. La grande diversité des formes de migration et leur enchevêtrement traduit des comportements démographiques qui sont autant de réponses à la recherche effrénée de ressources. Si l’aspiration à l’émigration internationale vers le Nord est très forte dans la Haute vallée du fleuve Sénégal notamment dans le triangle Kayes–Sélibabi-Tambacounda, les mobilités notées dans le BFS sont à dominante sous-régionale et locale. La Côte d’Ivoire, le Congo et le Gabon sont des places fortes du champ migratoire des « gens du fleuve ». À la fois facteur de recomposition territoriale et démographique, les mobilités observées à l’échelle du BFS sont aussi source d’importantes interrogations pour l’avenir de la région. Deux questions méritent une attention toute particulière : l’impact environnemental des mobilités liées à l’attraction des zones aurifères et la garantie de la libre circulation des hommes au regard des menaces sécuritaires de plus en plus prégnantes au Sahel en général, en Sénégambie en l’occurrence. Si le fleuve constitue un marqueur fort des Etats-nations qui le jouxtent, il n’en demeure pas moins un formidable outil d’intégration et/ou de coopération qui transcende des découpages administratifs très souvent vidés de leur substance. Parmi les défis majeurs que le BFS doit relever, il y a celui de la préservation de la paix sociale sans laquelle les mobilités qui font partie du bagage mental des populations locales ne peuvent être poursuivies de manière durable. L’adaptation au changement climatique constitue un autre challenge de taille. Elle doit s’appuyer sur une éducation environnementale qui fait la part belle à une prise de conscience érigée en moteur de résilience aux catastrophes naturelles et à la dégradation des conditions de vie.
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