Le théâtre d'Eugène Dervain appelle à la réconciliation. Et le
paradoxe n'est qu'apparent qui veut que ce théâtre de réconciliation
soit aussi un théâtre de la révolte. Car la souffrance d'Eugène
Dervain est le gâchis, l'innommable, le lamentable gâchis, que par
impéritie, lâcheté, médiocrité, les hommes laissent s'installer dans
leurs sociétés. Contre lui, Eugène Dervain s'insurge. Il veut croire à
un meilleur destin, car le gâchis porte avec lui la guerre,
l'injustice, l'oppression et toutes les discriminations sociales et
raciales. La médiocrité n'est jamais tolérable, parce qu'elle fait
plus de victimes encore que le mal. Courageusement, le théâtre
d'Eugène Dervain veut à la fois constituer un patrimoine de fierté à
l'Afrique, et dans le même acte l'appeler à se mettre énergiquement au
travail, dans le combat pacifique pour l'unité, l'indépendance, la
solidarité. Comme le recueil lyrique de son compatriote Bernard Dadié,
l'oeuvre théâtrale d'Eugène Dervain pourrait s'intituler : « Afrique
debout ».