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Dans une perspective théorique genrée et transdisciplinaire (théories des champs et de l’intersectionnalité), le présent article discute de l’androcentrisme en tant qu’ensemble de rapports de pouvoir focalisés sur l’hégémonie masculine, tel qu’il se déploie sur la scène musicale populaire de Kinshasa. L’enquête a démontré qu’assujettie sexuellement, débauchable ou « bien d’échange », la femme (chanteuse, choriste, danseuse) a en outre été soumise à un faisceau d’oppressions professionnelles par l’homme à travers a) une division sexuée du travail qui l’a confinée à la tâche érotique de la danse ; b) son instrumentalisation comme un corps-machine, support de marketing des spectacles vivants et vidéo à la faveur de son sex-appeal et de ses chorégraphies lascives ; c) une rémunération aléatoire ; bref, une précarisation sociale, culturelle, psychologique amenuisant, plus que pour son homologue masculin, ses droits humains. Tout cela est à lire dans le contexte du champ (acteurs directs) ou du hors-champ (acteurs périphériques) de cette scène. Cependant, sur cette scène prise pour un reflet du fonctionnement et un facteur de changement de la société kinoise, la femme ne fait toujours pas figure de victime, étant stratégiquement tournée vers des intérêts et désirs d’ingratiation, de célébrité, de mieux-vivre (en Europe), ou d’inversion de la domination – sans toujours y parvenir.