Cet ouvrage porte sur les mutations sociales, politiques et
économiques observées au Cameroun depuis la fin des années 1980. Il
montre comment, malgré une crise sociale et politique de grande
envergure, les dirigeants camerounais ont réussi, à travers des
réformes et des procédures politiques sophistiquées, à court-circuiter
les mouvements sociaux ayant affecté ce pays au début des années 1990.
Les auteurs expliquent ainsi pourquoi la capacité de mobilisation de
l'opposition n'a pas débouché sur la maîtrise de l'agenda et des
formes de la libéralisation politique, situation qui a permis aux
acteurs du régime de préserver leur marge de manouvre autoritaire. Les
contributions réunies dans cet ouvrage restituent, à partir de
différents sites d'observation, la complexité des changements en cours
au Cameroun. Elles mettent en évidence deux procès. Tout d'abord,
celui de l'énonciation timide d'un espace public, d'une culture
politique de participation, d'un ajustement aux libertés publiques et
d'un référentiel de politique électorale. Mais elles suivent également
à la trace et nomment les différentes pratiques d'exclusion sociale ou
d'assujettissement de la société civile et les stratégies de
restauration autoritaire qui produisent des effets de torsion du flux
libéral. Le champ d'interprétation des changements en cours au
Cameroun demeure large. Cet ouvrage qui n'aspire pas à l'exhaustivité
a choisi l'exploration de certaines pistes pour éclairer les relations
entre l'État et la société. Rédigé avec beaucoup de précision et dans
un style serein, ce livre demeure une référence importante pour
comprendre les mutations en cours au Cameroun.