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Rédemption

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Moundo, Elizabeth Éwombè

Livrel (ePUB, HTML, Tatouage) 139p.
(Romans d'Afrique)
ISBN: 978-2-37918-317-1
Elizabeth Éwombè Moundo consacre, aujourd'hui, un modèle personnel dont elle nous enchante depuis trois textes romanesques : la plaisanterie caustique associée à un dire sérieux. Cette fois, elle nous propose un roman dont le thème est assez rare dans les littératures africaines actuelles : les mésaventures d'un retraité (Modeste) qui, malgré une longue souffrance dans les bureaux administratifs, meurt sans avoir perçu sa prime. Le titre, Rédemption, fait partie d'un triptyque symbolique qui structure l'espace du récit : Mapartland, le pays dont le nom indique suffisamment la nature d'une terre où la recherche du gain personnel a été érigée en modèle national; Sésame, la capitale du pays, à la fois unité monétaire et symbole de la corruption rampante qui gangrène toutes choses et consacre le principe selon lequel « rien à Sésame sans sésame »; Rédemption, enfin, quartier-dépotoir de Sésame où les capacités mobilisatrices du peuple se meurent dans la misère la plus abjecte, faite de « détritus », de « latrines à ciel ouvert », d'« étals à même le sol », de « jeunes désouvrés », de « jeunes filles dévergondées, d'« Églises réveillées ». Ce sombre tableau est complété lors des séances de discussions publiques, sortes d'agoras locales, par Descartes, un fou d'une grande intelligence, qui procède à une sorte de mise en abyme de l'histoire tragique de Modeste, en dénonçant la plupart des maux dont souffre Mapartland : processus électoraux truqués dans un « Parti-tribu », un « Parti-État » où l'exécutif choisit et nomme les membres du conseil électoral, dictature ubuesque aux moyens répressifs disproportionnés dès lors que l'on « prend des canons pour écraser des mouches », système de privilèges organisé qui se lit jusque dans la vie dorée des membres du Gouvernement en prison, rituel des slogans qui amène régulièrement à confondre « éthique et étiquette », chefs traditionnels devenus des agents recruteurs d'électeurs au bénéfice du parti au pouvoir, sectorisation des vocations par le mécanisme du tribalisme d'État, faillite du système éducatif. Cependant, Elizabeth Éwombè Moundo ne nous abandonne pas à la nuit vorace. Elle sait nous dire qu'il y a toujours une promesse d'hivernage après le craquèlement de la terre. À cet effet, un personnage du roman nous avertit : « Que ceux qui sont là actuellement, ces peaux noires masques blancs, sachent qu'ils peuvent être les maîtres de l'horloge, ils ne seront jamais les maîtres du temps », comme prévenu par la sagesse populaire : « « Un oiseau qui reste trop longtemps perché sur une branche, appelle la pierre qui le fera tomber ». Dans cette perspective, le titre Rédemption ne signifie t-il pas également que c'est de la racaille que sortira le mouvement de délivrance, l'onde de liberté tant attendue ? Faut-il y voir une catastrophe au sens marxiste du terme ? Faut-il y lire une contiguïté avec la théorie gidienne de « si le grain ne meurt... » ? En tout cas, nous sommes bien en terre africaine où la dialectique de la semence et de la plante rythme les saisons. Ce didactisme n'alourdit pourtant pas la truculence du style. L'humour qui sème constamment l'hilarité, l'onomastique railleuse et le style hyperbolique constituent autant de supports alléchants qui, par l'amusement, exercent notre jugement, et nous impliquent dans la nécessaire activité de veille.
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