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Le terme de « dé-mondialisation » développé par Walden Bello, largement récupéré par Arnault de Montebourg comme thème de la campagne présidentielle en France, n’a pas semblé trouver large écho dans le monde académique et pourtant, c’est au sujet du redressement de l’économie française qu’il l’envisageait. Les entreprises multinationales ou transnationales font partie du paysage économique depuis de nombreuses décennies, mais l’ordre économique mondial actuel privilégie la libéralisation commerciale et la mondialisation de l’économie et considère de plus en plus les pays hôtes comme des lieux d’extraction des matières premières, tandis que la transformation et tous les bénéfices liés à l’exploitation des ressources minières servent les pays d’origine. Dans un sens courant, la dé-mondialisation est un concept prônant une nouvelle organisation de l’économie mondiale. Elle prend en compte l’augmentation des interdépendances humaines dans le monde, mais s’efforce de les soustraire à la domination de la globalisation financière et du libre-échange. Elle vise à rendre plus juste, sociale et écologique l’organisation économique mondiale grâce à de nouvelles règles endiguant les effets néfastes du libre-échange et du néolibéralisme. Elle tend à mieux articuler la décision prise dans le cadre civique à l’action au niveau international. Nous envisageons la « démondialisation » dans un sens beaucoup plus nuancé pour évoquer la déconstruction du cycle économique de l’exploitation des minerais en Afrique en général et particulièrement en RDC. Il ne s’agit pas de combattre la mondialisation qui, par nature, se caractérise par l’intensification des échanges internationaux et l’apparition d’une sphère financière globale. Il se trouve nécessaire de faire une critique de la mondialisation par rapport à ces effets séculaires dans les pays d’extraction des ressources minières. Cela est d’autant plus difficile lorsqu’il s’agit d’un pays où la structure a été longtemps analysée partant de l’image d’une trinité composée de l’Administration, de l’Eglise et des grandes sociétés (Crawford Young 1965:12).