Les débats sur le retour des politiques industrielles au niveau
théorique et pratique ont charrié une double interrogation à propos de
l'industrialisation africaine : est-elle nécessaire ? Est-elle
possible ? Les réponses les plus confondantes qui ont conditionné
beaucoup de décideurs et praticiens de l'économie sont celles,
négatives, des institutions financières internationales. Leur
argumentaire, tendant à faire prévaloir l'impossible décollage
industriel, se fonde sur l'épure théorique néolibérale et le listing
d'une série d'obstacles institutionnels, structurels et monétaires.
Manifestement, ces naïvetés idéologiques, en voie d'abandon, ont fait
l'impasse sur deux évolutions marquantes au niveau de la division
internationale du travail : d'une part, la montée en puissance
industrielle, technologique et financière des nouveaux pays émergents
du Sud, conséquence de la fragmentation des chaînes de valeur et de la
relocalisation des activités industrielles dans l'espace mondial ; et
d'autre part, la revalorisation des matières premières africaines,
chaînon manquant de l'industrialisation. Ces deux facteurs sont à la
base de l'embellie de la croissance économique africaine en dépit de
la crise mondiale. Aussi, ces facteurs doivent être les éléments
structurants de l'industrialisation africaine. Par la géostratégie
(géoéconomie) des matières premières, l'Afrique est introduite dans le
jeu économique planétaire. En rapprochant les intérêts économiques,
financiers et technologiques du continent à ceux des grands pays
émergents et en exploitant judicieusement les nouveaux partenariats
plus fructueux, plus variés et davantage tournés vers ses propres
ambitions de développement, il est possible de construire ou rebâtir
des politiques industrielles compétitives. Aujourd'hui, les conditions
sont réunies, il reste le temps de l'action d'un management public en
étroite collaboration avec le secteur privé représenté par les
associations, les fédérations, les chambres d'industrie et de
commerce, les syndicats, les institutions financières, les
institutions de recherche et les universités.