L'un des textes les plus fascinants de la littérature africaine des
années 1970 est assurément « Les soleils des Indépendances » de
l'Ivoirien Ahmadou Kourouma, publié pour la première fois à Montréal
en 1968, et réédité à Paris en 1970. Tous ceux qui ont tenté de mener
une lecture critique sur ce texte, ont été unanimes pour lui
reconnaître des mérites certains, aussi bien sur le plan de
l'écriture, de la thématique, que par la maîtrise particulière de la
langue utilisée. Des lecteurs avertis ont même proposé de le
considérer, sans beaucoup d'excès dans l'interprétation, comme le
modèle du renouveau dans le romanesque africain. Le texte d'Ahmadou
Kourouma n'est pas un pamphlet politique. Il ne s'attache pas à cette
critique acerbe des dirigeants et des institutions. Cependant, il
permet de montrer que ces systèmes nouveaux n'ont pas justifié les
espoirs suscités. Dès lors, les mythes et les mythologies qui en
constituent les textures idéologiques, ne peuvent plus assurer un
refuge à l'angoisse et au désespoir des hommes. Ce livre se propose
ainsi d'aborder les thèmes mythologiques du roman de Kourouma.