Ces dernières années ont été marquées, en Afrique, dans la foulée des forums sociaux mondiaux (Porto Alegre en 2001, 2003, 2005 ; Bamako en 2002 ; Nairobi en 2007 ; Dakar en 2011), par un foisonnement des mobilisations sociales et citoyennes menées par des collectifs de jeunes. Ces derniers prennent depuis activement part, dans leurs pays respectifs, à la réflexion et aux combats, mettant en jeu des questions de société et de gouvernance sur le continent, qu’ils ne laissent plus désormais aux seuls ressorts des organisations syndicales, des partis politiques ou des décideurs publics. Si les travaux de recherche portant sur ces formes de mobilisations sociales de jeunesse sont multipliés, les grilles de lecture proposées restent cependant descriptives et rarement comparatives. S’inspirant des modèles d’analyse de l’actionnalisme et du processus politique (political process) et s’appuyant sur deux mouvements de contestation, en Afrique de l’Ouest, fondés par de jeunes leaders d’opinion, en particulier « Y’en amarre » au Sénégal et le « Balai citoyen » au Burkina Faso, nous montrons, dans ce papier, ‘dont l’ossature date d’il y a deux ans, que les mouvements sociaux juvéniles, coalisés ou non, sont au cœur de la vitalité démocratique du continent. Ils s’identifient comme de véritables contre-pouvoirs et engagent, individuellement et collectivement, en fonction des opportunités et des contraintes du moment, les citoyens dans des systèmes de valeurs nouveaux. Et ceci, en vue, non seulement, d’une re fondation politique mais aussi d’un changement social pour le développement. Ces mouvements constituent, en outre, des fenêtres d’opportunité permettant non seulement, à la démocratie de ces pays de trouver de nouvelles énergies, mais également de se donner de nouveaux circuits de représentation.