Le trait distinctif de cet ouvrage, c'est son caractère ambivalent. En
effet, les deux florilèges qui le composent sont totalement
indépendants l'un de l'autre; le premier consacre une poésie du
signifié tandis que l'autre sacrifie aux canons habituels du genre et
s'affirme, pour cela, comme une poésie du signifiant. Comme toute
poésie du signifié, Gueule-tempête est un réseau de symboles allant du
premier degré - celui à fondement métaphorique - au troisième et même
au quatrième degré (si l'on se réfère à la typologie du génial Dante
Aligheri, le florentin). Quant à Nouveaux Chants du Souvenir, il est
une parfaite illustration de ce que j'appellerais volontiers l'enfance
de la poésie. Sa beauté lui vient de cette fraîcheur des fleurs qui
éclosent une nuit ou un beau matin, à l'appel d'un rayon de lune ou de
soleil levant. Il n'y a en effet rien de plus spontané, de plus
authentique et de plus sincère que la poésie de jeunesse. Elle se
prend très au sérieux et ce petit côté naïf n'est pas le moindre de
ses charmes. Sans nul doute, cette ouvre plaira au néophyte comme à
l'Initié. Il suffira, pour en découvrir le parfum, de ne pas l'aborder
avec les préjugés qui émoussent les sens et mettent un verrou à
l'esprit.