Une guerre larvée et latente se poursuit aujourd'hui sur une île
nommée Chypre. Au milieu de la Méditerranée, cette île semble être
devenue un repaire où se déroulent des noces de sang. Chypre
restera-t-il un terrain condamné à la partition? Peut-on espérer, au
contraire, que le partage permettra d'y améliorer le sort des uns et
des autres? Le déferlement des faits, la condamnation des corps et la
terreur des mots intriguent et provoquent Belkacem Amara-Ouali. Le
désordre, la dissemblance et la prolifération puis l'exténuation des
espoirs suscitent ici, dans une grande tension, l'assurance du phrasé.
Les motifs poétiques se succèdent, alternent ou se substituent les uns
aux autres dans des séquences où sont évoquées des scènes
saisissantes. Ces poèmes sont de véritables élégies. Les sarcasmes de
la guerre n'étouffent pas la totalité des désirs et des attentes.
L'agonie apparente de l'île n'altère pas nécessairement le prestige de
ces désirs et de ces attentes : il arrive parfois que Chypre se mue en
« île de trêve » où s'accomplissent les convergences les plus
inespérées.