Mamadou Diop Decroix et El Hadj Kassé se sont livrés à un exercice
salutaire : contribuer à éclairer une page de l'histoire politique du
Sénégal. De mai 1968 à l'alternance : des événements, des figures
d'hommes et de femmes, des conjonctures et des contextes sont retracés
ici, teintés tous des grandes luttes démocratiques du peuple
sénégalais. La tentative est d'autant plus réussie que Diop Decroix a
fait jouer sa mémoire et a pu restituer des faits qui indiquent la
longue marche du Sénégal vers la démocratie et l'alternance politique,
en mars 2000. El Hadj Kassé, en s'engageant dans cet entretien,
contribue incontestablement, à son tour, à sauver la mémoire du passé
qui, dans ses grandes palpitations, est plus que jamais présente. Il
fallait en tout, à la suite de quelques autres initiatives, conter la
grande épopée du mai 68 sénégalais, retracer les grandes dates de
l'histoire politique du Sénégal depuis le milieu des années 60, donner
la parole à un acteur pour connaître sa lecture de l'alternance de
mars 2000 et révéler au public les grandeurs et les contraintes de la
gestion du pouvoir. Il ne s'agit pas donc d'un livre de plus. Le
lecteur trouvera le long de ces pages des paroles essentielles qui
informent que le destin des hommes n'est pas donné car après tout,
c'est d'une conquête permanente de la liberté qu'il s'agit. Et le
passé qui est évoqué ici, fortement lié au présent, ouvre les sentiers
de l'avenir. Cette manière de voir le temps en séquences trouve chez
Diop Decroix un espace commun : la cause du peuple, comme il le dit.