La question éthique occupe une place très importante dans la pensée contemporaine, à la mesure des multiples préoccupations liées aux immenses progrès technoscientifiques. Mais le modèle et le format éthiques anciens apparaissent dépassés par l'ampleur et la complexité des problèmes y relatifs. D'où l'idée de la convocation de nouvelles formules et pratiques, mieux d'un nouveau paradigme, pour sauver l'humanité sans «liquider» la science, mais plutôt avec elle. C'est le sens même de l'éthique en tant que prise de responsabilité de chacun envers son sort et celui d'autrui, antidote espéré aux aspects déshumanisants de notre époque. Plus qu'une règle de droit classique, la responsabilité est alors présentée ici comme une philosophie. Elle est désormais un défi que l'ensemble de la société contemporaine est appelée à relever, au regard du pouvoir important dont s'est doté l'Homme grâce à la technoscience. C'est cette responsabilité qui se décline aussi bien en Principe de précaution qu'en Développement durable, sorte de toile de fond de la proposition de Hans Jonas. L'éthique de la responsabilité, en puisant dans les valeurs anciennes qu'elle reconsidère, apparaît alors comme l'une des réponses appropriées aux multiples préoccupations axiologiques de notre temps, en tant qu'elle traduit un regard nouveau de l'homme sur la nature dans sa totalité, sur son agir et ses conséquences.