(Histoire générale du Sénégal) ISBN: 9782379186349
Au sortir des Congrès de Vienne et de Paris, consécutifs à la chute de Napoléon, la France retrouve les possessions qu’elle avait perdues au Sénégal. Mais, l’abolition de l’esclavage installe le pays dans une crise économique, sociale et politique qui confronte les populations à des difficultés que les Français essaient de résoudre en mettant en place différentes stratégies de reconversion. Les stratégies de reconversion, après plusieurs échecs, débouchèrent sur la convocation de la Commission des Comptoirs qui, en 1850-1851, préconisa des solutions de sortie de crise au nombre desquelles, figurait la nécessité d’amorcer la conquête militaire du pays, pour imposer la volonté du colonisateur aux populations locales. Pour ce faire, on fit appel à des hommes énergiques parmi lesquels, Faidherbe qui lança la conquête militaire à vaste échelle du pays, dans un contexte de violence considérable contre El Hadji Omar et les populations du Fleuve, en particulier. Ce fut pendant cette séquence temporelle que les héros sénégalais de la résistance infligèrent aux Français, malgré tous leurs moyens techniques, les défaites cinglantes de Diati, de Ngol- Ngol, de Paté Badiane (Paoskoto) et de Ndande, entre autres. Sur l’homme Faidherbe et sur son œuvre, les opinions divergent. Il fallait, dès lors, décrypter le personnage et son action, pour distinguer la légende de la vérité des faits. Son action a tellement marqué le Sénégal qu’un véritable mythe s’est construit sur sa personne à tel point que, bien après son départ, ses successeurs ont reconduit, pour l’essentiel, les orientations qu’il avait définies, à savoir la poursuite de la lutte contre les résistants et les Chefs religieux Tidjanes, notamment, l’accentuation de la marche vers le Haut-Fleuve, le début de la conquête du Soudan, la consolidation de la position de la France en Casamance, au Cayor et au Saloum. Devant cette volonté de soumettre le Sénégal à l’autorité des colonisateurs, plusieurs résistants entrèrent en scène pour sauvegarder sa souveraineté territoriale menacée, la culture, les valeurs traditionnelles et la dignité des populations locales. Ces réactions suscitèrent un renouveau islamique extraordinaire, qui conféra au XIXe siècle au Sénégal, un cachet particulier. Les confréries se consolidèrent, se serrèrent les coudes et proposèrent aux populations, une vision du monde et de la société, qui dressa devant le colonisateur, un écran culturel qu’il ne parvint jamais à vaincre. Des hommes exceptionnels (Guides religieux, savants, écrivains, historiens, philosophes et penseurs, traditionnistes) outillèrent les esprits de valeurs et de savoirs alternatifs, et organisèrent la résistance culturelle, même si elle demeurait pacifique.